Tougda Querdah revient sur ses traces aux usines du QI

Vos souvenirs et anecdotes sur la vie Ă  Agadir avant le tremblement de terre.

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Raspoutine
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Tougda Querdah revient sur ses traces aux usines du QI

Message par Raspoutine »

Curieuse rencontre ce mardi 17-09-2013 à l’ancienne rue Chaptal devenue Moussa Ben Noussair au quartier industriel.
Lors de mes recherches quotidiennes aux conserveries, une voiture hollandaise s’arrête pour nous demander la rue Youssef Ben Tachfine. Cette dernière n’existait qu’aux alentours du cinéma Salam.
La jeune femme élégante, belle et blonde voulait savoir sur l’usine de poissons qu’on appelait Lahlou.
Coïncidence et c’est justement là, où on est.
Un ancien ouvrier de cette usine en arrêt depuis de longues années est ici comme "cafetier" pour servir les ouvrières et les ouvriers de 2 conserveries encore en activité, Amieux-Maroc et Tassargal. Il arrive de ce fait à subvenir au besoin minimum de sa famille qui réside dans l’usine Lahlou abandonnée à son sort…Jusqu’au jour où elle deviendra un complexe d’habitats de haut niveau à 7 étages.
Tougda est le nom de cette femme qui vient du Pays -Bas avec son mari et leur fille unique pour retrouver le lieu de son enfance. Ce nom de Ait-Bâamrane est un nom Amazigh qui existait, il y a des millénaires et qui n’est employé que par les Amazighs purs.
Elle nous a montré la chambre de sa grand-mère marocaine parmi ce qu’on appelait la médina ouvrière. Les autochtones appelaient ça : l’écurie. C’est vrai, apparemment cela ressemble à une écurie bien entretenue des chevaux de courses. Des petites chambres pour 2 à 4 femmes ouvrières tout le temps disponibles dés l’arrivage du poisson et à n’importe quel temps.
La grande maman de Tougda par son courage a pu élever dans ces conditions 2 garçons dont Mohamed qui deviendra le père de Tougda en s’unissant avec une hollandaise (il finit ses jours actuellement en Hollande)
Tougda n’a pas oublié la langue arabe qu’elle parle parfaitement. Elle avait fait ses études à Rabat puis en Europe.
Une grande émotion et les larmes aux yeux envahissent la jeune femme qui explique à son mari et à sa fille (Et nous même) les détails innocents de son vécu dans cette usine. Elle se rappelle de beaucoup de noms d’ouvrières et ouvriers et était bien aimée par cette communauté.
Elle se rappelle et témoigne que l’usine était hantée. Oui, hantée et confirmée par Saïd, un homme de même âge que Tougda, qui était né dans ce lieu.
La nuit quand l’usine est en arrêt, tout le monde entendait les machines de la conserverie en marche !!! Aussi les bruits et les chants des ouvrières en activité.
Un jour, le patron à entrepris le recouvrement d’une portion de son atelier. Le lendemain, tout se retrouve par terre et ça a duré 4 fois sans explications.
Les autochtones avaient décidé de construire un minuscule mausolée où ils allument les bougies et prônent de longues prières. Ce petit marabout portait le nom de Sidi Messaoud.
Il devient le protecteur de ces lieux hantés et depuis, plus de vision fantomatique.
Vous ne le croyez pas ? Eh bien, cette Hollandaise, Saïd et 2 autres ex-habitants de cette usine me l’ont confirmé aujourd’hui.
Tougda est très heureuse de retrouver Saïd, son ami d’enfance avec qui, elle jouait, chamaillait et des fois se disputait (disent-ils avec un fou-rire et les larmes) Ils ont échangé tous leurs souvenirs et ont parlé de tout le personnel vivant ou décédé de cette usine.
Elle se souvient très bien de la famille LeCreux qui était dans l’usine Coman, me dit-elle.
Quelle belle coïncidence de me retrouver là ce jour de recherches et apprendre un passé(vif) vécu par les anciens de l’usine Lahlou venant de loin, loin…dans les années 50.

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Tougda arrive aux sources de son enfance qu'elle garde toute sa vie Ă  ce jour pour ramener son mari et sa fille sur place au quartier industriel Ă  Agadir Ă  l'usine de poissons Lahlou rue Chaptal, devenant Moussa Ben Noussair.
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Avec une grande émotion et des larmes Tougda nous raconte tous les détails journaliers dont elle se souvient merveilleusement. Un tas d'anecdotes, la joie de ces femmes-ouvrières qui avaient vécues dans ces petites chambres, tout défile en grande vitesse dans les yeux et le cœur de Tougda.
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Là, cette petite population qui vivait sobrement, qui vivait harmonieusement comme une seule famille, se rassemblait pour allumer les bougies au petit mausolée et prier pour que les démons qui hantent ces lieux cessent leur manifestations nocturnes... Et pourtant c'est une vérité vécue dans cette usine.
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Tougda retrouve sur place et quelle "belle coïncidence" Saïd né dans cette usine et qui partageait la vie d'enfance avec elle.
Ils se retrouvent dans cette usine abandonnée, au milieu des décombres, sur ce qui étaient "leurs maisons"
Très grande émotion lors de l'inventaire de toutes les familles vécues ici. Beaucoup sont mortes, beaucoup sont à un peu partout à Agadir...en retraite. Tougda promet qu'elle reviendra encore une fois.
Lahsen Roussafi

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