Je suis nouveau sur ce site. Permettez-moi de me présenter. Je m'appelle Mohamed Guerssel, professeur à l'Université du Québec à Montréal. Ma famille est originaire du Moyen Atlas, et mon père, militaire, avait été muté à Agadir lorsque j'avais 3 ans. J'ai ouvert les yeux sur Agadir, c'est comme si j'y étais né. Nous avons d'abord habité "Lbatwar", le quartier industriel, et c'est là ou j'ai commencé l'école. En fait, ce n'était pas une école à proprement parler; il y avait une seule classe: le cours préparatoire. Et Mme Travers était notre institutrice. C'était quelque part entre Lbatwar et les Khiam, si je me souviens bien. J'avais 5 ans. L'année suivante, nous déménageames à Talbordjt, rue Hilala. On habitait au numéro 33.
Mes copains de jeu étaient des gamins comme Taya Brahim et son grand frère Slimane, tous les deux décédés au TDT, Vincent, deux soeurs jumelles espagnoles Anita et Maria, et Ahmed Brahimi avec qui j'ai gardé le contact depuis. C'est le Brahimi qui a joué au Raja d'Agadir, qui est maintenant retraité et qui vit toujours à Agadir. A l’époque on m’appelait Moha, comme je venais du Moyen Atlas.
Nous déménageons donc à Talbordjt, et je me retrouve à l'école Simon comme on l'appelait. Mon souvenir de M. Simon est d'un directeur sévère, mais juste. Son bureau était à l'étage supérieur à droite en entrant à l’école. Je me souviens des fois, il sortait de son bureau pendant la récréation, avec tout le chahut et le brouhaha, dans la cour, se mettait sur le balcon et nous ordonnait: RAMASSEZ LES NOYAUX ! Le silence complet se faisait dans la cour; on n'entendrait une mouche voler. Et tout le monde est penché en avant à faire du nettoyage, pas juste les noyaux de dattes et d’autres fruits; tout y passait.
Je me retrouve dans une classe de CP2 (A l'époque il y avait un cours préparatoire 2ème année, ou peut-être je me trompe) et mon instituteur était M. PUCHU, dont il a été question sur ce site. J'ai gardé un excellent souvenir de M. Puchu. Jeune, beau look, lunettes de soleil (avec du recul ce devait être des RayBan), une grosse cylindrée de moto. Je l'aimais beaucoup.
Examen de passage, et je me retrouve en CE1 avec Mme Billet. Je suis assez surpris de ne voir aucune référence à Mme Billet sur ce site. Peut-être qu'elle n'étais pas restée longtemps à Agadir, et que personne ne se souvient d’elle. Dans cette classe, je me souviens avoir un copain de classe qui s'appelle Fettah, qui avait 6 ou 7 ans de plus que moi, à la même classe, ce qui était normal à l'époque pour une classe de CE1. Les gens d'Agadir doivent le connaitre.
Examen de passage, et je me retrouve au CE2 avec Mme Berthelon. C'était le plus beau souvenir de mon passage à l'école Simon. Contrairement à ce qu'on dit, Mme Berthelon n'était pas si sévère que ça. Elle était très bonne psychologue, et savait intéragir avec ses élèves. Elle avait toujours le sourire aux lèvres quand elle s'adressait à ses élèves. La photo en noir et blanc de l'époque, qui a été mise sur ce site, reflète bien le souvenir que j'ai gardé d'elle: L'enthousiasme même. L'enthousiasme est un atout incontournable pour réussir comme enseignant, à quel niveau d'enseignement que ce soit. Mme Berthelon aimait ce qu'elle faisait, et avait manifestement un talent indéniable à le transmettre. Et elle le faisait avec amour.
Je vois qu'on associe Mme Berthelon exclusivement avec le CM2 sur ce site. C'est peut-être une question d'année scolaire. L'année où j'ai fait le CE2 avec Mme Berthelon est l'année 1955-56. La salle de classe était au niveau inférieur à la cour, à gauche en entrant par la grande porte de l'école, des escaliers vous y mènent. Cette année-là M. Ortiz avait une classe au même niveau.
Au milieu de cette année scolaire 1955-1956, c’était en avril 1956, mon père est muté à Chemaia, près de Safi. Je me souviens de la veille de notre départ. Mon père était venu à l’école le matin, chercher mon certificat de scolarité. Il était venu aussi me chercher dans la classe de Mme Berthelon à qui j’ai dit au revoir. Mon père me donne une pièce 200 francs comme argent de poche, et je vais me promener à la Ville Nouvelle, Quel bonheur! Libre de faire ce que je voulais faire un jour de semaine???? Merveilleux! En fin d’après-midi, en rentrant chez moi à Talborjt, je rencontrais Mme Berthelon qui rentrait chez elle. Je me souviens bien de cet instant. Elle me dit en riant “Vous êtes encore là ?” Il y a deux ans j’ai filmé une vidéo d’Agadir, et j’ai consacré une petite séquence à cet endroit où je voyais Mme Berthelon la veille de mon départ d’Agadir, avec le sous-titre “Au Revoir Mme Berthelon!”
Deux ans après, soit en 1958, on se retrouve à Bou Izakarn, où j’ai retrouvé mon copain Brahimi de la rue Hilala. Lors du séisme, on était donc à Bou Izakarn. Je me souviens avoir été réveillé, comme toute ma famille, par quelque chose de bizarre. On ne s’était rendu compte de ce qui s’était passé que le lendemain.
Après le Certificat d’Etudes Secondaires, mon père m’envoie à l’internat du Lycée Tarik d’Azrou qui était considéré à l’époque, surtout par les gens du Moyen Atlas, comme une des institutions du secondaire des plus prestigieuses.
Ensuite, il faut s’y attendre, mon père est muté à . … of all places, comme on dit en anglais, à Agadir en 1963. On y était resté jusqu’en 1968. Je fais une licence d’anglais à Rabat et en 1969, je pars aux Etats-Unis où je fais le reste de mes études universitaires, et où j’ai enseigné un certain nombre d’années. Je suis maintenant à Montréal, au Canada.
Ceci suffit comme message de présentation. Je vous reviendrai avec d’autres messages, souvenirs, pensées, témoignages …
Ci-joint, une photo de moi à l’âge de 6 ans, avec ma soeur qui avait 3 mois. Nous habitions la rue Hilala à Talborjt, et j’étais dans la classe de M. Puchu à l’école Simon.
Une photo plus actuelle prise en mars 2011.
Mohamed Guerssel