Agadir : présent et passé ne doivent pas être ennemis
Posté : 14 août 2011, 13:44
juin 2011 :
J’étais ravie du choix de mon hôtel, en centre ville, style marocain, décoration marocaine, tenu par des marocains et nourriture marocaine. C’est comme ça que j’aime voyager à l’étranger pour vraiment connaître un pays
Lahsen m’a accueillie avec un «Sois la bienvenue au Maroc» accompagné d’une belle composition de roses fraiches. Quelle marque de considération et quelle générosité. J’en ai été infiniment touchée. Il a été un guide formidable et m’a consacré du temps alors qu’il recevait, chez lui, de la famille de l’étranger. Encore un témoignage de sa générosité. C’est grâce à lui évidemment que nous avons cherché, retrouvé et parcouru l’usine de mon grand père où j’habitais, il y a plus de 60 ans au Quartier Industriel.
Lors de mon séjour dont j’ai apprécié chaque minute, j’ai eu le sentiment que la nouvelle ville d’Agadir reniait et refusait la partie douloureuse de son passé :
Au cours de la visite guidée de la ville, aucune allusion n’a été faite à ce terrible grand terrain vague qui avait été la ville Agadir. J’ai demandé au guide si le marabout du Founti était d’origine ou reconstitué. C’est à ce moment là seulement qu’il a mentionné qu’il y avait eu une «secousse» en 1960. Le guide avait environ 25 ans, charmant, cultivé, compétent certainement mais ça prouve qu’on ne lui a pas appris à mentionner cette partie de l’histoire de la ville dans son exposé de visite.
A la kasbah, j’ai été carrément choquée. Comment peut-on laisser les touristes se balader et pique niquer au-dessus des restes des habitations et des restes des habitants de la kasbah. Le sol est jonché de canettes, papiers, autres déchets et même pire. Aucun respect pour ces personnes enfouies sans sépulture décente. Evidemment la hauteur des escaliers représente la partie remblayée. La kasbah était de plein pied.
.
Parallèlement, je me suis demandée pourquoi les murs reconstitués de la forteresse avaient été ocrés au lieu de blancs et pourquoi, puisqu’on a fait de la reconstitution, n’a t-on pas refait la magnifique porte d’entrée. Pourquoi aussi, tout simplement, ne pas avoir installé un chemin de ronde en bois, accroché aux murailles à l’extérieur (cela existe pour la visite de certains châteaux-forts) et permettrait d’admirer la vue sur la baie sans profanation.
J‘ai connu le Word Trade Center et les Twin Towers à New York avant et après l’attentat de 2001. Depuis les américains se recueillent devant ce gouffre qu’ils appellent Ground Zero en souvenir de l’explosion nucléaire d’Hiroshima. L’emplacement est inconstructible évidemment et sanctuarisé. Il y a des mémoriaux et des stèles multi langages et multi confessionnelles. Personne ne peut fouler l‘emplacement des Tours. Le recueillement est impressionnant et contribue à garder bien vivants dans les mémoires le drame et ses martyrs. Là, aussi il y a sous le sol quelques milliers de personnes sans sépulture. Je sais qu’à New York il y a un caractère politique et nationaliste qu’il n’y a pas à Agadir où seule la fatalité a frappé.
Yachech aussi est un lieu de recueillement. J’y suis allée avec Lahsen. Il est originaire de Yachech. C’était un charmant village dont je me souviens très bien… Là, j’ai été très émue. Il n’en reste rien, rien de rien, sauf la cime de quelques arbres de l’époque. Il n’y a même pas de marque des fosses communes de 1960.
Le souvenir de l’ancienne ville de devrait d’ailleurs pas se limiter aux endroits renfermant les ruines, mais aussi dans la nouvelle ville, notamment dans les quartiers fréquentés par les touristes. Le mur du souvenir est très bien, mais ce n’est pas suffisant. L’âme ne peut pas être détruite évidemment mais elle doit être entretenue.
Je pense que l’explication à tout ceci est qu’il n’y a plus beaucoup de survivants, mais il y a toujours leurs descendants. Leurs témoignages est précieux. Pour bien vivre son présent, il faut connaître le passé sur lequel il s’appuie. Dans l’identité de la ville il y a forcément son passé. C’est l’âme de la ville et celle de ses habitants qu’il faut préserver, pas seulement pour ceux qui ont été directement ou indirectement atteints mais pour tous les autres
J’étais ravie de retrouver Inezgane. Maintenant construite en dur, de vrais immeubles heureusement aux couleurs marocaines et un peu style marocain. Heureusement aussi toujours aussi bondé, aussi animé et aussi poussiéreux que dans mes souvenirs. J’étais vraiment comblée.
Ravie aussi de retrouver «pour de vrai» l’immeuble Satas, la boulangerie (dont le nom m’échappe), la station service, les restes de l’escalier montant au Talborjt.
La nouvelle ville est très belle, propre, blanche, larges avenues, beaux arbres, ville très fleurie (à part les lauriers roses, je ne me souvenais pas de fleurs en ville). C’est une ville moderne dont l’architecture est élégante et très intéressante. Plusieurs édifices sont tout à fait remarquables Elle n’a plus le cachet d’une ville berbère auquel on était habitués et attachés ; ni le style d’une ville du Grand Sud, mais elle a une architecture aux lignes très pures. Je sais que plusieurs architectes de renommée mondiale ont été chargés de la reconstruction de la ville qui finalement a un style homogène. J’ai aimé cette nouvelle ville. Je m’y suis sentie bien. J’aime les villes blanches, j’aime les villes tout court Je suis un rat des villes et surement pas un rat des champs. J’ai pensé à Brasilia (que je connais pas) construite d’un seul coup et pas petit à petit, conçue par de grands architectes aussi et pas par les circonstances de la vie ou des mœurs de ses habitants. Finalement d’ailleurs Brasilia n’a jamais pu remplacer Rio comme capitale, C’était un échec et pourtant la ville est magnifique. (La comparaison s’arrête à la construction, Agadir n’est évidemment pas un échec)
.
J’ai beaucoup apprécié la Marina, son style mi moderne mi hispano-arabe. C’est une architecture extrêmement intéressante et mesurée.
A propos de l’implantation de la Marina, il me semble qu’elle est construite sur la partie de la plage qui était autrefois impraticable (d’où nos fréquentations du Nautic Club) à cause des violents courants du littoral provoqués par le phénomène de la barre. Lahsen saura certainement répondre à cette question.
Evidemment, j’ai visité le Musée du Souvenir, bien pauvre ! Je crois que j’ai presque autant qu’eux de documents et photos d’Agadir dans mes propres souvenirs de famille. Encore le refus du passé ?
La prochaine fois que j’irai à Agadir (le plus rapidement possible) je prendrai plus de temps pour «gouter» la nouvelle ville. Cette fois ci, j’ai un peu trop orienté mon séjour vers mes souvenirs
Quelques femmes portent le hijab en semaine et pratiquement toutes le portent le dimanche. A propos de dimanche, il semble que, dans les commerces, il ait remplacé le vendredi qui était la journée fermée pour motif religieux. Evidemment plus du tout de femmes voilées de bleu marine. Dans le petit interstice réservé aux yeux, elles avaient toutes de beaux yeux noirs, expressifs mais on les reconnaissait parfaitement sans voir leur visage. Assurément, leurs ceintures brodées d’or, leurs lourds colliers d’ambre et d’argent, leurs nombreux bracelets aux poignets et aux chevilles, qu’elles portaient même pour travailler dans l’usine, n’ont plus leur place aujourd’hui qu’au Musée. Mon Dieu que les femmes étaient joliment parées Je suis heureuse d’avoir connu à la fois cette période, dans les années 50, et la période présente des voiles islamiques sur des jeans. Ce mélange de tradition et de modernité me plait beaucoup. Doux mélange de l’Orient et de l’Occident.
Malgré la signalisation de l’emplacement de la place du Talborjt, comment imaginer que sur ce terrain vague, il y avait une jolie ville berbère style du Grand Sud, ses habitations et ses habitants, toute la vie en somme. Toute la vie que j'ai aimée. Comment imaginer que tout et tous sont maintenant détruits enfouis sous terre. C’est peut-être complètement disparu, mais ce n’est pas effacé de ma mémoire ni de celle des gens de mon âge. Cet espace devrait être clôturé ou, au moins, délimité pour empêcher les auto-écoles d’en faire leur terrain de manœuvre. Lahsen m’a parlé d’un projet pour ce grand terrain vague. On y dessinerait l’emplacement et le nom des rues d’autrefois et sans doute aussi l’emplacement des édifices importants tels que Mosquées, écoles, et je suppose aussi les points stratégiques de la ville : tels que les souks. Une partie serait évidemment réservée au recueillement. Lahsen m’a aussi parlé d’une nouvelle association qui vient de se former pour honorer le passé d’Agadir.
C’est le Talborjt qui m’a le plus manqué. Toutes les boutiques, les souks. Je le ressentais comme le cœur battant de la ville; Multiconfessionnel dans ses boutiques et dans ses chalands. Souks poussiéreux, colorés et odorants, marchand d’eau avec sa peau de bouc et des tasses pas très propres attachées à une ficelle. Charmeurs de serpent et leurs caisses de bois, marchands de sucre en pains emballés dans du papier de soie violet, monceaux de fruits, de légumes et d’épices exposés en pyramides à même le sol sale, écrivain public, barbier. Il n’y avait que des hommes à tenir boutique, leurs bourricots attendaient derrière. Aujourd’hui au marché municipal, ce ne sont toujours que des hommes qui tiennent boutique.
En conclusion, on peut avoir le cœur serré en pensant à la disparition complète de la ville qu’on aimait et en même temps on peut avoir un œil positif sur la nouvelle ville.
Ce qui n’a pas changé du tout, c’est l’amabilité des marocains, leur hospitalité. En un mot leur sens du partage. Les adjectifs qui, pour moi, qualifient le Maroc n’ont pas changé non plus : le Maroc est LUMINEUX, COLORE et ODORANT.
A Agadir la lumière est très belle. J’y suis très sensible. J’avais entendu dire, quand j’étais enfant, que le jour où le banc de sardines s’en irait, les édiles avaient prévu qu’on pourrait transformer Agadir en Hollywood.
J’ai été très heureuse de connaître Lahsen, c’est un homme extraordinaire et je suis heureuse d’avoir un nouvel ami.
Merci encore Lahsen pour tout ce que tu as fait pour moi et (y compris la recherche d’Ijou) et pour tout ce que tu fais sur le site depuis des années.
Françoise
J’étais ravie du choix de mon hôtel, en centre ville, style marocain, décoration marocaine, tenu par des marocains et nourriture marocaine. C’est comme ça que j’aime voyager à l’étranger pour vraiment connaître un pays
Lahsen m’a accueillie avec un «Sois la bienvenue au Maroc» accompagné d’une belle composition de roses fraiches. Quelle marque de considération et quelle générosité. J’en ai été infiniment touchée. Il a été un guide formidable et m’a consacré du temps alors qu’il recevait, chez lui, de la famille de l’étranger. Encore un témoignage de sa générosité. C’est grâce à lui évidemment que nous avons cherché, retrouvé et parcouru l’usine de mon grand père où j’habitais, il y a plus de 60 ans au Quartier Industriel.
Lors de mon séjour dont j’ai apprécié chaque minute, j’ai eu le sentiment que la nouvelle ville d’Agadir reniait et refusait la partie douloureuse de son passé :
Au cours de la visite guidée de la ville, aucune allusion n’a été faite à ce terrible grand terrain vague qui avait été la ville Agadir. J’ai demandé au guide si le marabout du Founti était d’origine ou reconstitué. C’est à ce moment là seulement qu’il a mentionné qu’il y avait eu une «secousse» en 1960. Le guide avait environ 25 ans, charmant, cultivé, compétent certainement mais ça prouve qu’on ne lui a pas appris à mentionner cette partie de l’histoire de la ville dans son exposé de visite.
A la kasbah, j’ai été carrément choquée. Comment peut-on laisser les touristes se balader et pique niquer au-dessus des restes des habitations et des restes des habitants de la kasbah. Le sol est jonché de canettes, papiers, autres déchets et même pire. Aucun respect pour ces personnes enfouies sans sépulture décente. Evidemment la hauteur des escaliers représente la partie remblayée. La kasbah était de plein pied.
.
Parallèlement, je me suis demandée pourquoi les murs reconstitués de la forteresse avaient été ocrés au lieu de blancs et pourquoi, puisqu’on a fait de la reconstitution, n’a t-on pas refait la magnifique porte d’entrée. Pourquoi aussi, tout simplement, ne pas avoir installé un chemin de ronde en bois, accroché aux murailles à l’extérieur (cela existe pour la visite de certains châteaux-forts) et permettrait d’admirer la vue sur la baie sans profanation.
J‘ai connu le Word Trade Center et les Twin Towers à New York avant et après l’attentat de 2001. Depuis les américains se recueillent devant ce gouffre qu’ils appellent Ground Zero en souvenir de l’explosion nucléaire d’Hiroshima. L’emplacement est inconstructible évidemment et sanctuarisé. Il y a des mémoriaux et des stèles multi langages et multi confessionnelles. Personne ne peut fouler l‘emplacement des Tours. Le recueillement est impressionnant et contribue à garder bien vivants dans les mémoires le drame et ses martyrs. Là, aussi il y a sous le sol quelques milliers de personnes sans sépulture. Je sais qu’à New York il y a un caractère politique et nationaliste qu’il n’y a pas à Agadir où seule la fatalité a frappé.
Yachech aussi est un lieu de recueillement. J’y suis allée avec Lahsen. Il est originaire de Yachech. C’était un charmant village dont je me souviens très bien… Là, j’ai été très émue. Il n’en reste rien, rien de rien, sauf la cime de quelques arbres de l’époque. Il n’y a même pas de marque des fosses communes de 1960.
Le souvenir de l’ancienne ville de devrait d’ailleurs pas se limiter aux endroits renfermant les ruines, mais aussi dans la nouvelle ville, notamment dans les quartiers fréquentés par les touristes. Le mur du souvenir est très bien, mais ce n’est pas suffisant. L’âme ne peut pas être détruite évidemment mais elle doit être entretenue.
Je pense que l’explication à tout ceci est qu’il n’y a plus beaucoup de survivants, mais il y a toujours leurs descendants. Leurs témoignages est précieux. Pour bien vivre son présent, il faut connaître le passé sur lequel il s’appuie. Dans l’identité de la ville il y a forcément son passé. C’est l’âme de la ville et celle de ses habitants qu’il faut préserver, pas seulement pour ceux qui ont été directement ou indirectement atteints mais pour tous les autres
J’étais ravie de retrouver Inezgane. Maintenant construite en dur, de vrais immeubles heureusement aux couleurs marocaines et un peu style marocain. Heureusement aussi toujours aussi bondé, aussi animé et aussi poussiéreux que dans mes souvenirs. J’étais vraiment comblée.
Ravie aussi de retrouver «pour de vrai» l’immeuble Satas, la boulangerie (dont le nom m’échappe), la station service, les restes de l’escalier montant au Talborjt.
La nouvelle ville est très belle, propre, blanche, larges avenues, beaux arbres, ville très fleurie (à part les lauriers roses, je ne me souvenais pas de fleurs en ville). C’est une ville moderne dont l’architecture est élégante et très intéressante. Plusieurs édifices sont tout à fait remarquables Elle n’a plus le cachet d’une ville berbère auquel on était habitués et attachés ; ni le style d’une ville du Grand Sud, mais elle a une architecture aux lignes très pures. Je sais que plusieurs architectes de renommée mondiale ont été chargés de la reconstruction de la ville qui finalement a un style homogène. J’ai aimé cette nouvelle ville. Je m’y suis sentie bien. J’aime les villes blanches, j’aime les villes tout court Je suis un rat des villes et surement pas un rat des champs. J’ai pensé à Brasilia (que je connais pas) construite d’un seul coup et pas petit à petit, conçue par de grands architectes aussi et pas par les circonstances de la vie ou des mœurs de ses habitants. Finalement d’ailleurs Brasilia n’a jamais pu remplacer Rio comme capitale, C’était un échec et pourtant la ville est magnifique. (La comparaison s’arrête à la construction, Agadir n’est évidemment pas un échec)
.
J’ai beaucoup apprécié la Marina, son style mi moderne mi hispano-arabe. C’est une architecture extrêmement intéressante et mesurée.
A propos de l’implantation de la Marina, il me semble qu’elle est construite sur la partie de la plage qui était autrefois impraticable (d’où nos fréquentations du Nautic Club) à cause des violents courants du littoral provoqués par le phénomène de la barre. Lahsen saura certainement répondre à cette question.
Evidemment, j’ai visité le Musée du Souvenir, bien pauvre ! Je crois que j’ai presque autant qu’eux de documents et photos d’Agadir dans mes propres souvenirs de famille. Encore le refus du passé ?
La prochaine fois que j’irai à Agadir (le plus rapidement possible) je prendrai plus de temps pour «gouter» la nouvelle ville. Cette fois ci, j’ai un peu trop orienté mon séjour vers mes souvenirs
Quelques femmes portent le hijab en semaine et pratiquement toutes le portent le dimanche. A propos de dimanche, il semble que, dans les commerces, il ait remplacé le vendredi qui était la journée fermée pour motif religieux. Evidemment plus du tout de femmes voilées de bleu marine. Dans le petit interstice réservé aux yeux, elles avaient toutes de beaux yeux noirs, expressifs mais on les reconnaissait parfaitement sans voir leur visage. Assurément, leurs ceintures brodées d’or, leurs lourds colliers d’ambre et d’argent, leurs nombreux bracelets aux poignets et aux chevilles, qu’elles portaient même pour travailler dans l’usine, n’ont plus leur place aujourd’hui qu’au Musée. Mon Dieu que les femmes étaient joliment parées Je suis heureuse d’avoir connu à la fois cette période, dans les années 50, et la période présente des voiles islamiques sur des jeans. Ce mélange de tradition et de modernité me plait beaucoup. Doux mélange de l’Orient et de l’Occident.
Malgré la signalisation de l’emplacement de la place du Talborjt, comment imaginer que sur ce terrain vague, il y avait une jolie ville berbère style du Grand Sud, ses habitations et ses habitants, toute la vie en somme. Toute la vie que j'ai aimée. Comment imaginer que tout et tous sont maintenant détruits enfouis sous terre. C’est peut-être complètement disparu, mais ce n’est pas effacé de ma mémoire ni de celle des gens de mon âge. Cet espace devrait être clôturé ou, au moins, délimité pour empêcher les auto-écoles d’en faire leur terrain de manœuvre. Lahsen m’a parlé d’un projet pour ce grand terrain vague. On y dessinerait l’emplacement et le nom des rues d’autrefois et sans doute aussi l’emplacement des édifices importants tels que Mosquées, écoles, et je suppose aussi les points stratégiques de la ville : tels que les souks. Une partie serait évidemment réservée au recueillement. Lahsen m’a aussi parlé d’une nouvelle association qui vient de se former pour honorer le passé d’Agadir.
C’est le Talborjt qui m’a le plus manqué. Toutes les boutiques, les souks. Je le ressentais comme le cœur battant de la ville; Multiconfessionnel dans ses boutiques et dans ses chalands. Souks poussiéreux, colorés et odorants, marchand d’eau avec sa peau de bouc et des tasses pas très propres attachées à une ficelle. Charmeurs de serpent et leurs caisses de bois, marchands de sucre en pains emballés dans du papier de soie violet, monceaux de fruits, de légumes et d’épices exposés en pyramides à même le sol sale, écrivain public, barbier. Il n’y avait que des hommes à tenir boutique, leurs bourricots attendaient derrière. Aujourd’hui au marché municipal, ce ne sont toujours que des hommes qui tiennent boutique.
En conclusion, on peut avoir le cœur serré en pensant à la disparition complète de la ville qu’on aimait et en même temps on peut avoir un œil positif sur la nouvelle ville.
Ce qui n’a pas changé du tout, c’est l’amabilité des marocains, leur hospitalité. En un mot leur sens du partage. Les adjectifs qui, pour moi, qualifient le Maroc n’ont pas changé non plus : le Maroc est LUMINEUX, COLORE et ODORANT.
A Agadir la lumière est très belle. J’y suis très sensible. J’avais entendu dire, quand j’étais enfant, que le jour où le banc de sardines s’en irait, les édiles avaient prévu qu’on pourrait transformer Agadir en Hollywood.
J’ai été très heureuse de connaître Lahsen, c’est un homme extraordinaire et je suis heureuse d’avoir un nouvel ami.
Merci encore Lahsen pour tout ce que tu as fait pour moi et (y compris la recherche d’Ijou) et pour tout ce que tu fais sur le site depuis des années.
Françoise