TĂ©moignage

Vos souvenirs et anecdotes sur la vie Ă  Agadir avant le tremblement de terre.

Modérateur : Raspoutine

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mimouni
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TĂ©moignage

Message par mimouni »

Ce n'est pas pour le plaisir mais pour la mémoire, la rappeler, l'alléger aussi de son contenu en le partageant.

TĂ©moignage ..
Date : Le lendemain du séisme d'Agadir
Le Lieu: talborjte, juste a coté du marché central
le temps: entre Minuit et 10 h00 du lendemain


J'avais 15 ans, le cri d'une femme qui appelait au secours tout en gémissant a forte voix décroissante depuis plusieurs heures m'a poussé a abondonner ma famille elle aussi en deuil pour voir ce drame.
C'etait absolument triste et insupportable, une femme de confession Juive etait accrochée par sa jambe prise entre les deux plafonds de son appartement situé dans un immeuble moderne et en béton armée.

Au lever du soleil, la dame etait toujours accrochée , elle crie continuellement au secours et en toutes les langues, Frannçais, Arabe, Tachelhite, ses cris déchirait l'espace de talbojte encore couvert par des poussières intenses, des amas de pierres, briques et fils electriques par terre.
Nous, qui vivait dans des maisons artisanales comme c'etait le cas a rue Sekaya, murs en pierre et toit en planches et terre nous devons nous estimer heureux vu le nombre de victimes dans tous les cas inferieurs a celui des gens qui vivent dans des immeubles modernes.

Madame, encore aujourd'hui, je continue d'entendre ta voix, implorer le secours .. un secours qui tardait a venir .. le matin j'ai du quitter agadir .. j'ignore ce qu'elle devenu cette dame .
peut etre quelqu'un en était aussi témoin ?

BALANGER philippe
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Re: TĂ©moignage

Message par BALANGER philippe »

Le récit que tu fais me bouleverse Mimouni,à nouveau il me fait revivre, toujours aussi fort le cri d'une femme que nous a déchiré en débouchant la nuit sur la place du Commerce.Les phares allumés de quelques voitures au centre de la place faisaient ressortir la poussière des constructions effondrées,que j'avais d'abord ,surpris vu l'heure,pour de la brume .Il y a eu devant l'ampleur de la catastrophe ce mot de Mr Simon prononcé comme dans un souffle"c'est pire qu'un bombardememt" et puis ce cri d'une femme"Nadia,Nadia..."qui n'arrêtait pas déchirant,désespéré qui me pénétrait de son angoisse.
Je connaissais de vue Nadia,c'était une amie à ma soeur.Le cri provenait de l'immeuble en grande partie effondrée ,à la lumière des phares on percevait la baignoire suspendue,effrayante, dans cet immeuble à l'angle de la rue de l'autre côté de notre garage.
J'ai compris que c'était le cri d'une mère perdue quelque part dans l'immeuble qui se rendait compte que sa fille avait disparu dans la partie détruite.
Cette souffrance de tant et tant de gens ,elle est en nous.Merci Mimouni.

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